ECPAT en EUROPE : Nous devons protéger les enfants ukrainiens de la guerre et de ses conséquences !

ECPAT Belgique se joint aux autres membres du réseau ECPAT pour un appel urgent à la protection des enfants en Ukraine, car les enfants sont toujours les premières victimes des conflits.

Viol sans contact physique, est-ce puni par la loi?  

Oui! Dans un jugement du 25 septembre dernier, le Tribunal de Première Instance de Bruxelles a condamné un homme pour viol sur mineure, sans que l’auteur ait eu un contact physique avec sa victime, l’abus se passant au moyen d’une webcam. Un verdict qui, on l’espère fera jurisprudence car il balaie l’idée selon laquelle un viol ne peut pas être commis “à distance”, comme c’est le cas avec les nouvelles technologies. 

1. Une interprétation évolutive de l’infraction de viol

Dans l’affaire qui nous occupe, le prévenu a exigé que l’adolescente de 15 ans s’auto-pénètre devant une webcam. Il n’y a donc pas eu de contact physique entre l’auteur et sa victime. Mais si l’on y regarde de plus près, le fait que l’acte sexuel soit commis par une personne sur une autre personne n’est pas un élément constitutif de l’infraction de viol. Ce qui l’est en revanche, c’est qu’il y ait un acte de pénétration sexuelle sur une personne qui n’y consent pas. L’acte sexuel ici est incontestable: la jeune fille a pratiqué une auto-pénétration digitale. Et à aucun moment, elle n’y a consenti. Les pièces du dossier montrent en effet le chantage, les insultes et les menaces proférées à l’encontre de la victime si elle refusait. A juste titre, le Tribunal de Première Instance de Bruxelles a donc reconnu l’auteur  coupable de viol. En rappelant que le contact physique entre abuseur et abusé n’est pas nécessaire pour commettre un viol, le jugement donne donc une interprétation évolutive de l’infraction.  Mais il fait plus. En mentionnant que l’auteur s’est “lâchement abrité” derrière l’anonymat de Facebook, le tribunal insiste sur la perversité des actes commis via les nouvelles technologies. Loin de considérer les abus sexuels en ligne comme une version moins grave de ceux commis “dans la vraie vie”, cette décision gomme une frontière trop souvent établie entre le monde “réel” et “virtuel”. Rappelons que les matériels représentant l’abus sexuel d’enfants, comme ceux que la victime a été forcée de produire, sont d’abord et avant tout les preuves d’un acte matériel, bien réel. Etienne Wery, spécialiste du droit numérique, ne dit pas autre chose: “il y a quelques années, on pouvait regretter que quand il s’agissait d’informatique, le préjudice était lui aussi souvent considéré comme virtuel. Mais quand on voit les victimes, c’est souvent une vie à reconstruire et la souffrance n’a rien de virtuel. A présent, les juges le reconnaissent”.

 2. Les nouveaux visages de l’exploitation sexuelle des enfants

En effet, sous-estimer l’impact des nouvelles technologies sur l’abus sexuel des mineurs c’est passer à côté d’un des pans les plus importants de la cybercriminalité. Tous les jours, des millions de matériels représentant l’abus sexuel d’enfants circulent sur Internet. Produits par des adultes, mais aussi par des enfants/adolescents. Dans son dernier rapport, EUROPOL identifie ces contenus “auto-produits” comme une des plus grandes menaces cybercriminelles. Comment ces matériels se retrouvent-ils sur le Net? Parce que les adolescents font du sexting, à savoir qu’ils s’échangent des photos à caractère sexuel. Ces matériels privés peuvent néanmoins se retrouver sur les réseaux sociaux, par négligence, malveillance, vengeance, etc. Les cybercriminels et cyberprédateurs sont également passés maîtres dans la manipulation. Ils possèdent toutes les “combines” pour gagner la confiance des mineurs et les faire se mettre en scène. Quand ces matériels “auto-produits” sont utilisés comme moyen de chantage afin d’obtenir d’autres photos ou de l’argent, cela s’appelle de la sextorsion. C’est exactement ce qu’a fait l’auteur mentionné ci-dessus, quand il proférait des menaces à l’encontre de sa victime pour qu’elle performe certains actes sexuels. Si les seuls et uniques responsables de ces abus sexuels restent leurs commanditaires, n’oublions pas l’importance d’outiller les enfants dès le plus jeune âge sur une utilisation responsable des nouvelles technologies. C’est exactement l’objectif du projet (Dé)clic, à la fois participatif, innovant, pérenne, et qui place les jeunes au centre de leur propre prévention. Car toute aussi marquante que soit la jurisprudence du Tribunal de Bruxelles, l’important est que les actes n’aient pas lieu.   

ECPAT s’invite au Parlement

 

 

Ce 8 novembre, ECPAT Belgique a organisé un Jeudi de l’Hémicycle au Parlement francophone bruxellois sur la traite des mineurs. Plusieurs constats ressortent de cette matinée :

  1. La réalité au-delà des chiffres. Les chiffres concernant les enfants victimes de traite ne correspondent pas à la réalité. Moins de dix cas par an selon les statistiques officielles. Mais les acteurs de terrain comme le Commissaire Franz Vandelook parlent de « milliers de jeunes femmes nigérianes » forcées de se prostituer dans les rues de Bruxelles. « Aucune de ces victimes ne se déclare mineure. Elles affirment venir d’autres pays anglophones en guerre, comme la Sierra Leone ». Le policier poursuit en racontant leur calvaire sur la route de l’exil jusqu’en Belgique. Rares sont celles qui n’ont pas subi des viols à répétitions et des violences s’apparentant à de la torture. Depuis peu, ces femmes se prévalent d’une procédure d’asile en France, qui parce que plus longue que chez nous, les met à l’abri d’un renvoi.
  2. Victimes, pas auteurs. Ces mineurs sont souvent vu comme des délinquants et pas des victimes. Plusieurs magistrates ont pris la parole pour souligner combien il est important de ne pas s’arrêter aux délits ou aux faits incriminés. Et de considérer ces mineurs avant tout comme des victimes et pas des auteurs de délits (vols, mendicité, vente de drogues). Plusieurs cas ont été évoqués où des mineurs se sont vus renvoyés à leurs parents, pourtant leurs exploitants, au lieu d’être protégés. L’exploitation économique aussi été mentionnée. Plus insoupçonnée que l’exploitation sexuelle, elle n’en demeure pas moins une véritable forme d’esclavage moderne. On retrouve des mineurs exploités dans des restaurants, boucheries, boulangeries ou encore des habitations privées (petites bonnes).
  3. Davantage de moyens pour la protection. Les centres d’accueil ont souligné combien il est important de réinsérer ces mineurs dans un projet de vie, ainsi que d’assurer leur sécurité physique, avec des mesures parfois très pratiques comme l’interdiction totale de smartphone pour ne pas être en contact avec leur famille, souvent à l’origine de l’exploitation. « Du fait de leur passé d’exploitation, il est vraiment difficile de faire comprendre à ces mineurs, qu’ils seront mieux protégés s’ils se déclarent comme victimes », explique Ariane Couvreur, chargée de projet chez ECPAT Belgique. « C’est pourquoi nous plaidons pour une information donnée au jeune dans un langage clair, compréhensible et adapté à son âge, au risque d’être enfermé pour toujours dans la clandestinité. Traite des êtres humains, à quel enfant cela parle-t-il ? ».

La conférence s’est terminée par le témoignage bouleversant d’une victime de traite des êtres humains.

 

Petit Paul une polémique fondée ?  

 

Source image: http://www.lefigaro.fr/bd/2018/09/25/03014-20180925ARTFIG00139-taxee-de-pedopornographie-la-bd-petit-paul-de-bastien-vives-retiree-des-rayons.php

 

Depuis plusieurs semaines, les critiques fusent autour de Petit Paul, une BD créée par Bastien Vivès. Cet ouvrage pour adultes raconte l’histoire d’un garçon de 10 ans dont la particularité est d’être doté d’un sexe démesuré. Bien qu’il ne soit pas en âge d’avoir des rapports sexuels, le personnage principal “se retrouve systématiquement dans des situations impossibles et embarrassantes”.

Parce qu’elle illustre des actes sexuels extrêmement explicites entre un garçon mineur et des femmes adultes, cette BD a choqué, à raison, de nombreux lecteurs. Immédiatement, une pétition a été lancée pour la retirer des ventes. Elle précise : “le livre est censé être humoristique, et il nous paraît délicat de rire d’une scène faisant l’apologie de l’abus d’enfant, un sujet malheureusement bien trop actuel.”

Notons qu’entretemps, deux librairies françaises de renom (Cultura et Gilbert Joseph) ont d’ores et déjà décidé de ne plus vendre l’ouvrage. Ce qui n’est pas le cas de la grande distribution comme Amazon…  

S’agit-il d’un ouvrage illégal ?

Oui ! Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifié par la France, interdit la vente et la consultation des matériels représentants l’abus sexuels d’enfants*, définis comme “toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites”.

Qui oserait prétendre que la BD Petit Paul échappe à cette catégorie ? Elle qui montre, entre autres, l’enfant forcé de faire à cunnilingus à son institutrice ou une position « 69 » avec sa prof de judo ?

Face aux accusations, Glénat, la maison d’édition de l’ouvrage, se défend: « Cette œuvre de fiction n’a jamais eu pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineurs de quelque manière que ce soit. Il s’agit d’une caricature dont le dessin, volontairement grotesque et outrancier dans ses proportions, ne laisse planer aucun doute quant à la nature totalement irréaliste du personnage et de son environnement ».  

N’est-il pas cynique ou naïf de juger que le caractère « grotesque » de la BD ou la nature « totalement irréaliste » du personnage ne « dédramatisent » ou ne « légitiment » pas l’abus sexuel d’enfants ?

Et hypocrite de s’étonner de la polémique alors que la préfacière et la directrice de collection de Petit Paul n’est autre que Céline Tran, alias Katsuni, une ancienne actrice pornographique.

 N’en sous-estimons pas l’impact

Outre le caractère illégal de l’ouvrage, représenter un enfant dans des actes sexuels avec une personne majeure n’est jamais anodin. Cela contribue à normaliser le fait qu’un mineur puisse être le partenaire sexuel d’un adulte.

Et si l’enfant ne résiste pas, comme Petit Paul ? Présumer du consentement d’un enfant, parce qu’il n’oppose pas résistance, c’est ignorer des années de recherches en matière de traumatologie. Ces dernières montrent que l’absence de réaction d’une victime d’abus sexuel peut résulter de l’état de paralysie dans laquelle elle se trouve. Cet « apparent consentement » est en fait un réflexe de survie !

En dépeignant des relations sexuelles entre un enfant et un adulte, Petit Paul normalise ces relations qui ne devraient pas être, balayant le fait qu’un enfant de son âge est légalement considéré comme incapable de donner son consentement à ces actes. Cela est extrêmement trompeur et dangereux.

De plus, en dotant son héros de 10 ans d’un sexe démesuré, l’auteur cautionne et renforce l’hypersexualisation ambiante de notre société, par laquelle les mineurs sont des objets sexuels potentiels. De là à penser que l’enfant cherche, voire provoque l’acte sexuel, il n’y a qu’un pas que certains franchissent allègrement. Il ne faut donc pas sous-estimer l’impact que peuvent avoir des ouvrages de fiction au caractère apparemment « grotesque » et « irréaliste » du type Petit Paul.  

 

*ECPAT Belgique évite d’utiliser le terme « pédopornographie », qui pourrait laisser croire que les actes sont consentis en les banalisant. Nous lui préférons le terme « matériels représentant l’abus sexuel d’enfants », conformément aux Luxembourg Guidelines.

Une vidéo interpellante sur la prostitution d’enfants en Belgique

L’exploitation sexuelle d’enfants dans la prostitution, est-ce que ça existe en Belgique?

C’est la question que nous a posée John, de Would You React, une chaîne qui fait des expériences sociales sur des sujets de société.

Dans le cadre de l’épisode #64, Sherley, 9 ans, a accepté de jouer (avec l’accord de ses parents!), le rôle d’une enfant forcée de se prostituer dans le quartier Yser, afin d’observer la réaction des passants. Bravo à la jeune actrice pour cette performance! 

ECPAT Belgique salue cette initiative qui permet de sensibiliser à l’existence de l’exploitation sexuelle des enfants, y compris en Belgique. Nous avons été très positivement surpris par la réaction des gens qui veulent mettre fin à cette situation scandaleuse. Les passants s’arrêtent, parlent entre eux, s’attroupent autour de la fillette, l’interpellent ou appellent la police.

ECPAT Belgique souhaite néanmoins revenir brièvement sur l’expérience sociale et aborder les questions suivantes.

Et si Sherley avait eu 16 ans?

C’est tout aussi illégal!

En Belgique, la prostitution de mineurs (-18 ans) est punie par la loi.

La plupart des victimes ont entre 14 et 18 ans. Elles sont Belges ou d’origine étrangères. Ce sont des filles mais aussi des garçons.

La majorité des situations sont donc moins facilement repérables que celle jouée par Sherley. 

Est-ce que ça se passe toujours en rue?

La prostitution de mineurs peut avoir lieu dans des endroits visibles comme la rue, les quartiers de prostitution, les parcs. Plus rarement en plein jour puisque c’est illégal. 

Elle se passe surtout de manière plus discrète, via Internet (site d’escort, darkweb, sites de rencontre).

Et dans des endroits moins attendus, comme les écoles, les centres de jeunes, les mouvements de jeunesse, …

Echanger des services sexuels contre toute forme de rémunération (argent, smartphone, etc.), même entre ados, c’est de la prostitution de mineurs!

Comment réagir au mieux?

  • Si vous suspectez de la prostitution de mineurs, contactez la police locale
  • Si la situation est grave et urgente, appelez le 112.  

Parce que les victimes font souvent l’objet de menaces de la part de leur proxénète, elles refuseront sans doute votre aide. Intervenir directement peut vous exposer, vous et la victime, à des représailles de la part de l’exploiteur, qui reste souvent à proximité. 

Si vous ne souhaitez pas appeler la police, vous pouvez contacter Isala asbl qui accompagne les personnes en situation de prostitution.

Et à l’étranger?

Lors d’un séjour à l’étranger, vous pourriez être témoin d’abus sexuels commis sur des enfants. La loi belge permet de poursuivre toute personne présente sur notre territoire, qui se serait rendue coupable d’abus sexuels sur des enfants à l’étranger. Il est donc important de signaler ce que vous avez vu sur: www.jedisstop.be

D’autres questions?

N’hésitez pas à nous contacter!

Merci à l’équipe de Would you React pour cette belle collaboration et une vidéo qui va marquer les esprits!

Majorité sexuelle : l’intérêt de l’enfant d’abord

Chez ECPAT Belgique, que pense-t-on de l’abaissement de l’âge de la majorité sexuelle?

Nous relayons l’opinion de la Coordination des ONG pour les droits de l’enfant, dont ECPAT Belgique est membre, qui a publié une carte blanche à ce sujet.

 

N’est-il pas paradoxal de se dire qu’un jeune de 14 ans est en mesure de saisir ce qu’implique la notion de consentement, alors que les adultes soulignent à quel point cette notion peut s’avérer complexe ?

Ce 20 juillet, le Conseil des ministres a approuvé l’avant-projet de réforme du deuxième livre du Code pénal. Il contient notamment une modification de l’article établissant l’âge de la majorité sexuelle. Jusqu’alors, la législation belge faisait une distinction entre trois tranches d’âge (NdlR : c’est ce qui sera nommé « la législation actuelle » dans la suite du texte).

Une relation sexuelle avec un enfant de moins de 14 ans constitue toujours un viol, qu’il y ait consentement ou non.

A partir de 16 ans, âge de la majorité sexuelle, le jeune peut légalement avoir des relations sexuelles; il est présumé y consentir de manière éclairée.

Les choses sont moins claires pour la catégorie intermédiaire des 14-16 ans. En effet, si l’adolescent est reconnu consentant, le rapport sexuel n’est pas considéré comme un viol mais comme un attentat à la pudeur. Cette catégorie a été volontairement instaurée afin de permettre aux magistrats d’opérer avec flexibilité face à des jeunes en construction.

Le changement

Il semble que l’avant-projet ramène la majorité sexuelle à 16 ans mais dépénalise les actes sexuels entre mineurs à partir de 14 ans s’il y a consentement. Si tel est le cas, à l’avenir, un jeune âgé d’au moins 14 ans pourra donner son consentement éclairé pour des relations sexuelles (pourvu que la différence d’âge avec le partenaire soit de maximum 5 ans et n’ait pas lieu avec un adulte membre de sa famille ou ayant une autorité sur lui).

Nous approuvons la tentative de clarifier le flou actuel pour la catégorie des 14-16 ans. Mais il est fondamental que les principaux intéressés puissent donner leur avis sur cette réforme, puisqu’elle les concerne directement. Il est essentiel de reconnaître les relations intimes respectueuses pour lesquelles le consentement est clair et explicite. Mais attention aux risques liés à un âge auquel la maturité et le développement de soi sont très inconstants d’un individu à l’autre.

Un besoin de clarification

Les catégories juridiques actuelles manquent de cohérence, d’autant plus que les contours de la notion d’attentat à la pudeur sont particulièrement imprécis (pas de définition légale). Néanmoins, la flexibilité juridique actuelle est appréciable puisqu’elle concerne la période de l’adolescence, faite de changements et de recherche des limites. Elle donne une marge de manœuvre au cas par cas.

D’autre part, la volonté de dépénaliser les relations consentantes entre deux adolescents de 14 ans ou plus est bienvenue. On notera toutefois que, désormais, une personne de 19 ans pourrait librement avoir des rapports avec un jeune de 14 ans mais que deux adolescents de 13 ans pourraient être pénalisés pour avoir eu une relation sexuelle consentie.

Enfin, il est important de réfléchir à cette tendance d’adaptation de la loi à la société, qui confronte les jeunes de plus en plus tôt à la sexualité, notamment par le biais des médias. Contrairement aux idées reçues, il semble que l’âge des premières relations sexuelles soit stable depuis plus d’une trentaine d’années : en moyenne 16,5 ans en Belgique.

L’intérêt de l’enfant

La question de la majorité sexuelle est bien plus complexe qu’un changement de législation. Elle entremêle des questions juridiques, psychologiques et sociales. C’est pourquoi il est essentiel de recentrer le débat sur la notion de consentement éclairé (maturité, capacités de discernement, conditions du rapport sexuel…)

L’adolescence est une période marquée par la recherche de soi, la construction, et donc par la vulnérabilité, avec des jeux de séduction mais aussi des risques d’emprise.

Dans un sens, la loi actuelle protège les jeunes de moins de 16 ans puisqu’elle présume de leur non-consentement. Si ce n’était pas le cas, un adolescent de plus de 14 ans ayant subi une relation sexuelle non consentie devrait apporter les preuves d’absence de consentement en cas de plainte.

Par ailleurs, n’est-il pas paradoxal de se dire qu’un jeune de 14 ans est en mesure de saisir ce qu’implique la notion de consentement alors que les adultes, y compris les professionnels, soulignent à quel point dans les faits, cette notion peut s’avérer complexe ?

Un difficile équilibre

En d’autres mots, il s’agit de trouver le difficile équilibre entre éviter les abus d’une part et, d’autre part, garantir un droit à l’intimité, aux expériences nouvelles et respectueuses et à l’appropriation du consentement éclairé.

Le projet de loi, pour ce que l’on en sait, semble aller en ce sens. En effet, il permettrait d’assurer une certaine protection aux jeunes mais, en même temps, de respecter leur consentement lorsqu’il est donné, et d’éviter que les parents d’un adolescent de plus de 14 ans puissent abusivement utiliser la justice comme moyen de s’opposer à une relation qu’ils n’approuvent pas.

En conclusion, modifier la loi nous semble nécessaire. Néanmoins, il est essentiel de veiller à ne pas sacrifier l’intérêt supérieur de l’enfant sur l’autel de la simplification juridique. Pour éviter cela, tous les professionnels rappellent qu’il est essentiel de mettre en place une information à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) généralisée et dispensée le plus tôt possible et tout au long de la scolarité par des professionnels spécialisés extérieurs à l’établissement (compétence des Communautés).

Dans un contexte plus large, il est important de former les jeunes aux relations affectives, à la notion de respect, mais aussi aux risques liés aux médias (harcèlement en ligne, pornographie…). Par ailleurs, aborder les questions de sexualité non comme un danger mais également comme une source de plaisir et de développement, dans le respect de soi et d’autrui, est une nécessité.

Les premiers enfants sont détenus dans le centre fermé, malgré la mobilisation

Malgré la forte opposition de plus de 300 organisations, dont ECPAT Belgique, les premiers enfants ont été enfermés aujourd’hui dans le nouveau centre fermé pour familles à côté de l’aéroport de Bruxelles-National. La société civile belge, tout comme un grand nombre d’institutions internationales, estiment que la détention viole les droits des enfants et demandent une interdiction de la détention d’enfants.

Ce que craignaient les associations depuis un moment est arrivé : les premiers enfants ont été écroués dans le nouveau centre fermé, dont la construction s’est terminée il y a quelques semaines. Ces enfants pourront être maintenus avec leurs parents derrière les grillages pendant un mois, pendant que les autorités préparent leur retour dans leur pays d’origine.

Il y a un peu plus d’un an, la Plate-forme Mineurs en exil, UNICEF Belgique, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, le CIRÉ, Caritas International et Jesuit Refugee Service Belgium ont lancé la campagne « ON N’ENFERME PAS UN ENFANT. POINT. » pour dénoncer la construction de ce centre fermé qu’ils jugent inadmissible. Depuis, le soutien à cette campagne ne fait que croitre. À ce jour, elle rassemble plus de 300 organisations, dont depuis peu également l’Ordre des barreaux francophones et germanophone, et l’Ordre des barreaux flamands. Ensemble, ces organisations demandent au gouvernement de ne pas détenir d’enfants pour des raisons migratoires.

L’appel des organisations n’a jusqu’à présent pas été entendu : aujourd’hui, les premiers enfants ont été amenés au centre fermé pour y être enfermés. « Cette situation nous inquiète fortement », explique Rob Kaelen de la Plateforme Mineurs en exil, « car il est évident que la détention constitue une violation des droits des enfantsLa détention a un énorme impact sur leur développement et leur bien-être, même dans les conditions proposées par le gouvernement. »

Un grand nombre d’institutions internationales s’accordent sur ce point. Le Comité des Droits de l’Enfant des Nations unies a déclaré que la détention des enfants pour des raisons migratoires viole leurs droits fondamentaux. L’UNHCR, le Parlement Européen et le Conseil de l’Europe appellent également à mettre fin à la détention des enfants dans le contexte des politiques migratoires. Des appels que le gouvernement belge a décidé d’ignorer.

« La Belgique a dans le passé déjà été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour avoir détenu des enfants dans des conditions inappropriées », précise Rob Kaelen. « Suite à ces condamnations, notre pays a développé des alternatives à la détention, telles que les « maisons de retour« , une évolution saluée par les ONG. Le gouvernement voit toutefois la détention comme la clef de voute d’une politique migratoire efficace. Il préfère augmenter quelque peu ses chiffres de retour, plutôt que d’être attentif au respect des droits des enfants. En enfermant à nouveau des enfants, notre pays fait un bond de 10 ans en arrière.»

La campagne internationale End Child Detention publiait encore ce dimanche le Global NextGen Index, qui évalue à quel point 22 pays respectent les droits des enfants en migration en leur attribuant un score sur cent. Entre autres dû à la décision d’enfermer à nouveau des enfants, la Belgique est en échec, avec un score de 49/100.

Les 312 organisations qui soutiennent la campagne « ON N’ENFERME PAS UN ENFANT. POINT. » réitèrent donc leur demande au gouvernement : « En tant que société, choisissons de ne pas enfermer d’enfants. Investissons dans les alternatives. Investissons dans l’accompagnent de ces familles. Ces enfants valent mieux que ça. Car on n’enferme pas un enfant. Point. »

 

ON N’ENFERME PAS UN ENFANT. POINT. est une campagne de la Plate-forme Mineurs en exil et d’UNICEF Belgique, en partenariat avec Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Ciré, Caritas International et Jesuit Refugee Service Belgium. Plus d’informations, consultez le site www.onnenfermepasunenfant.be, notre Twitter, ou notre page Facebook.

 

Pour plus d’infos : Rob Kaelen (rk@sdj.be) & Laetitia Van der Vennet (lvdv@sdj.be)

02/210 94 91 – 0470 57 33 97 (NL/FR/ENG)

Plate-forme Mineurs en exil (www.mineursenexil.be)

A vous qui partez en voyage

Cher voyageur, voyageuse,

Vous pour qui la période de Pâques est synonyme de congés et d’œufs en chocolats. Vous qui vous apprêtez à emballer vos affaires dans de grandes valises pour vous envoler quelques temps loin du train-train quotidien. Vous qui partez en voyage…

A l’endroit où vous vous rendrez, comme partout ailleurs dans le monde, des enfants sont victimes d’abus et d’exploitation sexuelle. Pour eux, ce ne sont pas des vacances.

Si vous êtes témoin d’une situation suspecte, quelle qu’elle soit, il est de votre devoir d’ouvrir les yeux. Si des actes vous laissent penser qu’un cas d’abus ou d’exploitation sexuelle d’enfants pourrait être en train de se produire, agissez en signalant les faits.

Comment ? Vous pouvez signaler ces faits sur le site Je dis STOP. Quand vous signalez, essayez de répondre aux questions « qui ? », « où ? » et « quand ? ». Vous pouvez signaler même si vous ne connaissez pas le nom de l’abuseur ou de la victime. Bien entendu, plus l’information fournie est précise, plus il sera possible pour la police d’ouvrir une enquête. Quels signes pourraient vous alerter ? Par exemple, un enfant ou un adolescent en présence d’un adulte qui ne semble pas de la même famille (ex. ils ne parlent pas la même langue, ne semblent pas proches), un adulte seul avec un mineur qui n’a pas l’air à l’aise… Même s’il reste un doute sur la nature des comportements dont vous êtes témoin, signalez les faits. Grâce à vous, une enquête pourra être ouverte par la police et la justice déterminera s’il s’agit d’une situation d’abus sexuel.

La campagne Je dis STOP ! est une initiative du groupe STOP, coordonné par ECPAT Belgique. Ce groupe est un collectif d’ONG et d’acteurs institutionnels luttant ensemble contre l’exploitation sexuelle des enfants.