ECPAT s’invite au Parlement

 

 

Ce 8 novembre, ECPAT Belgique a organisé un Jeudi de l’Hémicycle au Parlement francophone bruxellois sur la traite des mineurs. Plusieurs constats ressortent de cette matinée :

  1. La réalité au-delà des chiffres. Les chiffres concernant les enfants victimes de traite ne correspondent pas à la réalité. Moins de dix cas par an selon les statistiques officielles. Mais les acteurs de terrain comme le Commissaire Franz Vandelook parlent de « milliers de jeunes femmes nigérianes » forcées de se prostituer dans les rues de Bruxelles. « Aucune de ces victimes ne se déclare mineure. Elles affirment venir d’autres pays anglophones en guerre, comme la Sierra Leone ». Le policier poursuit en racontant leur calvaire sur la route de l’exil jusqu’en Belgique. Rares sont celles qui n’ont pas subi des viols à répétitions et des violences s’apparentant à de la torture. Depuis peu, ces femmes se prévalent d’une procédure d’asile en France, qui parce que plus longue que chez nous, les met à l’abri d’un renvoi.
  2. Victimes, pas auteurs. Ces mineurs sont souvent vu comme des délinquants et pas des victimes. Plusieurs magistrates ont pris la parole pour souligner combien il est important de ne pas s’arrêter aux délits ou aux faits incriminés. Et de considérer ces mineurs avant tout comme des victimes et pas des auteurs de délits (vols, mendicité, vente de drogues). Plusieurs cas ont été évoqués où des mineurs se sont vus renvoyés à leurs parents, pourtant leurs exploitants, au lieu d’être protégés. L’exploitation économique aussi été mentionnée. Plus insoupçonnée que l’exploitation sexuelle, elle n’en demeure pas moins une véritable forme d’esclavage moderne. On retrouve des mineurs exploités dans des restaurants, boucheries, boulangeries ou encore des habitations privées (petites bonnes).
  3. Davantage de moyens pour la protection. Les centres d’accueil ont souligné combien il est important de réinsérer ces mineurs dans un projet de vie, ainsi que d’assurer leur sécurité physique, avec des mesures parfois très pratiques comme l’interdiction totale de smartphone pour ne pas être en contact avec leur famille, souvent à l’origine de l’exploitation. « Du fait de leur passé d’exploitation, il est vraiment difficile de faire comprendre à ces mineurs, qu’ils seront mieux protégés s’ils se déclarent comme victimes », explique Ariane Couvreur, chargée de projet chez ECPAT Belgique. « C’est pourquoi nous plaidons pour une information donnée au jeune dans un langage clair, compréhensible et adapté à son âge, au risque d’être enfermé pour toujours dans la clandestinité. Traite des êtres humains, à quel enfant cela parle-t-il ? ».

La conférence s’est terminée par le témoignage bouleversant d’une victime de traite des êtres humains.